Pourquoi développer la culture de myrtille en Sologne ?

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Vergers myrtillers

Une conviction porte notre projet de développement de la culture de myrtille : être producteur ne se résume pas à faire pousser des fruits ou des légumes ! C’est aussi porter des valeurs, les mettre en application, alimenter le débat, faire bouger les lignes. C’est pourquoi Myrtille de Sologne est partenaire d’Octopus, une revue où les produits sont contés par des agriculteurs, chefs, artistes, scientifiques, littéraires, historiens…

Couverture de la revue Octopus n° 09

Dans un numéro consacré à la myrtille et publié début 2021, un article d’Octopus raconte l’origine du projet Myrtille de Sologne.
Cet article est écrit par Laetitia Soléry, journaliste et conceptrice-rédactrice. Elle est par ailleurs fondatrice de Derrière l’étiquette, une structure spécialisée en conseil éditorial et rédaction qui intervient sur les thématiques agricoles et viti-vinicoles.

Main verte et tête chercheuse

Par quel bizarre hasard, ou quelle curieuse nécessité, David-Alexandre Bertrant s’est-il mis en tête de développer la culture de la myrtille en Sologne ?

Il faut savoir que la Sologne est une région zébrée de cours d’eau, tachetée d’étangs, ponctuée de demeures bourgeoises et de châteaux, couverte de forêts giboyeuses. Une terre où la nature est reine, mais les sols pauvres, et où l’agriculture est de longue date reléguée à l’arrière-plan. Occultée par les loisirs, supplantée par la chasse, tradition séculaire qui fait galoper le gratin de la fine gâchette depuis François 1er.

Il faut aussi savoir que notre homme est originaire de Sologne, de Ligny-le-Ribault plus précisément. 30 km au sud d’Orléans, 20 km à l’est de Chambord. Fils et petit-fils de pépiniéristes, il y est devenu pépiniériste à son tour. Sur la propriété familiale, Le Mizotier. Avant de partir plonger ses racines en d’autres terres, au Maroc.

Pour expliquer son idée fixe de myrtille solognote, on avance d’abord l’hypothèse du retour aux sources. Inexact. Réducteur. Trop simple alors que David-Alexandre est triple. Il est paysan, chercheur et entrepreneur. Il est peut-être aussi un peu sorcier. Oublions le retour aux sources. Explorons d’autres possibilités.

Parce qu’il détient la recette de la potion magique

David-Alexandre a travaillé vingt ans au Maroc. Il y a eu plusieurs vies maraîchères, à faire grimper des haricots, rougir des tomates, à veiller des potimarrons ou entourer des kakis de précautions. À tester les réactions de fraises et de framboises, pas franchement endémiques du Sud marocain. Elles se sont laissé faire sans broncher.

Puis il s’est attaqué à la myrtille. «Là, on m’a pris pour un extra-terrestre», précise-t-il, laconique. Nous ne livrerons pas la recette de sa potion magique, même s’il en a plus d’une dans sa manche. Une observation attentive en guise de grimoire, des engrais organiques jetés en abracadabra, et les myrtilles s’épanouirent.

Tellement bien que l’entreprise américaine qui a développé ces variétés peinait à le croire. Une équipe s’est donc rendue sur place, histoire de s’en assurer de visu. Ce drôle de Français disait vrai. Cela lui valut une invitation dans l’Est américain, en Oregon, où l’entreprise a établi son centre de recherche.

Parce que l’Oregon n’est pas une contrée dépaysante

Myrtille en tête, David-Alexandre a décidé d’en observer de plus près sa culture dans différents pays producteurs. En Espagne, mais aussi au Mexique et au Pérou, deux poids lourds en matière d’exportation.

«J’ai voulu découvrir le paysage dans sa globalité. Au-delà des variétés et de la technicité, je souhaitais voir qui tenait le marché, quels étaient les réseaux. J’ai été très bien reçu. » La présence de gardes armés et de voitures blindées l’a tout de même un peu étonné.

Répondant à l’invitation de son fournisseur, il se rend également en Oregon. « Arrivé sur place, j’ai vraiment eu l’impression d’être en Sologne, à commencer par le climat, mais aussi le mélange de résineux et de feuillus, les sols filtrants, très acides, avec beaucoup de silice et de sable.» Jusqu’à la rivière qui serpentait non loin de là… Pour le dépaysement, on repassera.

Ce fut néanmoins une grande découverte. « Si l’Oregon parvenait à faire pousser certaines variétés très gustatives en pleine terre, ça pouvait aussi marcher en Sologne. »

Parce que la chasse n’est peut-être pas l’avenir de l’homme, tout Solognot soit-il

La réputation cynégétique de la Sologne n’est plus à faire. Un aimant surpuissant pour attirer la grande bourgeoisie. C’était vrai à l’avènement du chemin de fer, ça l’est toujours à l’ère du haut débit. « Cette région est un genre de Saint-Tropez où toutes les grandes familles ont une maison. Mais avec la pression écologique que nous subissons, je ne suis pas persuadé que la chasse ait un grand avenir dans 10 ou 15 ans », souligne David Alexandre.

« Je note qu’il y a 22 millions de consommateurs à 150 km à la ronde. »

« Si tous les métiers associés à cette économie, de l’armurier au garde-chasse en passant par le personnel de maison, venaient à disparaître, la Sologne serait sinistrée.» Pour lui, se lancer dans des activités agricoles à 120 km de Paris et 100 km de Tours, c’est du bon sens économique. « C’est peut-être utopique, il se peut que la chasse se porte très bien dans les années à venir, mais je note qu’il y a 22 millions de consommateurs à 150 km à la ronde.»

Parce que David Alexandre communique avec les plantes (Si si!)

«Une plante sait vous dire quand elle souffre et quand elle va bien, ou quand elle va trop bien et qu’elle risque bientôt d’aller mal.» En tout cas, elle sait le dire à notre alchimiste. Ou alors c’est lui qui a appris à le sentir.

« Tout le monde dit que j’ai un lien fusionnel avec la terre. Je ne sais pas exactement ce que ça veut dire, mais j’ai une relation assez particulière avec les plantes, une sensibilité exacerbée au bien-être des végétaux. Cela permet de percevoir certains indicateurs, d’anticiper. Et quand on apporte à une plante ce dont elle a besoin, dans des quantités adéquates, on n’a quasiment jamais besoin de lui donner un médicament », pointe l’homme qui revendique son ADN paysan et déplore le monopole de l’ingénierie phytosanitaire.

Parce que les bizarres hasards, ça existe

De retour d’un de ses voyages, David-Alexandre tombe sur un ami de la famille. [Retrouvailles, discutaille, travail, marmaille… Et graille!]
L’ami aimerait monter un projet familial, avec ses enfants.

Morceau choisi :
L’ami : Vu ce que je pressens pour les années à venir, rien ne vaut la terre et la bouffe. Tu ferais quoi, toi ?
Lui : De la myrtille, mais de belle qualité, et pas réservée à une minorité.

C’est ainsi qu’il rencontre Anne, la fille de l’ami. «Je lui ai expliqué ma manière de travailler. Généralement, quand on parle d’arbustes et de fruits aux gens, ils sont tout excités et n’entendent pas que les métiers de la terre sont rudes, fortement soumis à des impondérables. Elle, elle a écouté. Elle avait une vision très prudente, j’ai trouvé son approche intéressante. Nous nous sommes bien compris et nous avons lancé le projet ensemble.» En 2019, ils plantaient un premier hectare de myrtilles au Mizotier.
En 2020, quatre hectares supplémentaires.
Des techniciens de l’Oregon sont venus sur place. «J’ai vu à leur tête qu’ils étaient agréablement surpris.»

À ce stade, qui est encore celui de l’observation, ils nomment ces cinq hectares « Le labo ».

Culture de myrtille : rang de pieds de myrtilliers

2 réponses à “Pourquoi développer la culture de myrtille en Sologne ?”

  1. NOTTIN J dit :

    Ou peut on acheter vos myrtilles, nous (particuliers) habitons Orléans sud …
    Assurer vous la vente certains jours chez vous ?
    Merci de votre réponse, bonne continuation !

    Joelle NOTTIN

    • Bonjour Joëlle,
      Merci beaucoup pour l’intérêt que vous portez à nos myrtilles.
      Nous ne proposons pas la cueillette dans nos vergers, mais vous pourrez trouver nos fruits chez les meilleurs primeurs d’Orléans et dans de nombreuses enseignes de la grande distribution de la Région.
      Bien à vous

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